Genèse de l'application iPilule
Imaginée par une petite équipe de 4 personnes, l'application payante iPiluleexploite une bonne idée : une alarme intelligente et qui rappelle aux filles de prendre leur pilule contraceptive, via des notifications push et de manière adaptée à leur cycle menstruel. En moins d'un mois, l'application est développée.
Plein d'espoirs, l'équipe de développement croit à la force de son projet : "En visant les blogs dédiés à l'iPhone, les magazines féminins/santé/style de vie et les blogs de fille, nous avions de bonnes chances de toucher les acheteuses potentielles de l'application", écrit Simon Dawlat.
Les quatre partenaires sont néanmoins réalistes et estiment la population susceptible d'acheter l'application à 148 500 personnes. "Dans l'absolu : c'est très peu. Si on part du postulat qu'on réussira à toucher 10% de ces femmes (14 800) via notre communication, et à en convertir en clientes, mettons, 5% (7040), cela nous fera 7 040 x 0,79 € = 5 561 € de revenus potentiel".
En retirant la dîme d'Apple, on atteint 3 893 euros. "Qu'à cela ne tienne, convaincus de notre idée et surtout de notre capacité à la réaliser ayant réuni une team aux talents parfaitement complémentaires, on lance le projet", explique le chef de projet.
Les débuts sont rassurants. Contrairement à ce qui se dit, la validation de l'application par Apple ne prend pas trop de temps, 19 jours pour être précis. Le même jour, l'application est donc officiellement en vente sur l'App Store.
Mais à ce moment, l'équipe de développeurs commet sa première erreur en ne communiquant pas pour des "raisons personnelles et logistiques". "Du coup, nous ratons le pic de ventes qui arrive à toute application au moment de sa sortie, puisqu'elle passe en page d'accueil de sa catégorie dans l'AppStore (également agrégée en 'nouveautés' par des dizaines de sites dans le monde qui reprennent automatiquement les données de l'AppStore). Et nous passons à coté de cette impulsion dans les ventes, qui se fait sans nous", note le chef de projet.
Le résultat est sans appel : après 11 jours de commercialisation, iPilule a été téléchargé seulement 112 fois, soit un chiffre d'affaires royal de 61 euros pour l'équipe.
1er enseignement : exploiter au maximum la visibilité de l'application dès les premiers jours.
La suite des événements est à l'avenant. "Je reçois un inquiétant email via Apple le 4 décembre évoquant la possibilité d'un conflit de copyrights avec l'application d'un autre développeur. Je contacte ce dernier rapidement pour tenter d'éclaircir la situation et si possible régler ce problème à l'amiable. Il s'avère que ce développeur pense qu'Apple retire de l'AppStore toutes les applications aux concepts trop similaires - une confusion avec le fait qu'Apple a tendance à retirer les applications trop similaires aux siennes.
Le dialogue est peu cordial mais existant et nous sommes accusés par ce développeur de l'avoir copié honteusement. Des commentaires négatifs fleuriront par la suite sur presque tous les articles parlant d'iPilule et même dans l'AppStore, auxquels nous décidons de ne pas répondre".
2e enseignement : analyser l'existant avant de développer une application
L'équipe d'iPilule avait bien repéré des applications rendant le même service. Mais elle avait considéré qu'en proposant un produit plus complet et plus efficace, elle éviterait ce type de problèmes. Raté.
Dans le même temps, malgré une offensive de communication, les ventes peinent à décoller : seulement 24 ventes sont réalisées en une semaine. La déprime gagne l'équipe...
Mais les efforts commencent à porter leurs fruits notamment grâce à la publication d'articles dans la presse spécialisée en ligne. Les ventes grimpent à une centaine par jour ce qui permet à l'application de se hisser en troisième position du classement de la catégorie Styles de Vie de l'App Store. Le cercle vertueux se referme.
Par contre, la publication d'une brève dans le magazine Elle (qui tire pourtant à 300 000 exemplaires) n'a pas d'effets ponctuels sur les ventes. Ce qui constitue une surprise et une déception.
3e enseignement : le travail de relation-presse est plus rentable sur internet
le travail de relation presse semble stratégique, notamment pour des applications très spécialisées. Mais visiblement, la presse en ligne semble beaucoup plus 'rentable' que la bonne vieille presse papier.
"La logique d'un lancement fort, combinant des relations presse et de la publicité sur des sites spécialisés, pour monter dans les classements de l'AppStore, est un procédé dont l'efficacité est désormais avéré", souligne le chef de projet.
En fait le salut viendra d'Apple himself qui décide de placer iPilule en première page de l'App Store. Résultat, les ventes bondissent de 70%. Mais si le bilan s'améliore : 1059 ventes en 10 jours, soit 585 euros pour l'équipe, les résultats demeurent encore faibles.
"Vivre de l'AppStore n'est pas chose aisée puisque pour le moment, après commission d'Apple et avant impôts, iPilule nous a rapporté exactement 660 euros", observe Simon Dawlat.
Le jeu en vaut-il alors la chandelle ? Pour Simon Dawlat, excepté les erreurs de jeunesse commises, la clé du succès se trouve peut-être dans la déclinaison de l'application. "Une logique globale est essentielle - si notre 'succès' avait été répliqué dans 10 autres pays dont les US, nous serions riches à l'heure qu'il est ! Malheureusement, malgré une application traduite en 7 langues (!) nos efforts hors de France sont restés vains, et les ventes dans les autres Stores, quantités négligeables".
Des confidences intéressantes sur le processus de mise en ligne. Avez vous des retours sur expérience? Avez vous développé des applications Iphone? Je serai très intéressé d'en discuter avec vous.